dimanche 16 septembre 2012

triumph street triple



Triumph Street Triple : L'essai complet

Régulièrement, de nouvelles motos viennent secouer l'ordre établi avec une bonne dose de non-conformisme. Dans la catégorie des roadsters sportifs de moyenne cylindrée, on connaissait déjà les quatre cylindres japonais, les bicylindres italiens et... pas grand-chose d'autre ! Désormais, il faudra compter avec Triumph et sa nouvelle Street Triple, car cette moto risque fort de semer une belle pagaille dans les convictions et les certitudes acquises. Directement issue de la sportive Daytona 675, empruntant son esthétique à la Speed Triple, la nouvelle moto anglaise devient l'unique trois cylindres de la catégorie. Certes, son moteur puissant à tous les régimes et doté d'un fort caractère est le principal argument de ce roadster, mais ses qualités ne se limitent pas là. Pour une moto européenne, son prix est relativement abordable, la partie cycle loin d'être en retrait par rapport aux autres et son look, malgré le déjà-vu, loin de donner dans le banal. Ajoutons à cela une finition en net progrès, un équipement cohérent (à défaut d'être riche) et une vraie recherche en matière d'ergonomie et nous obtenons enfin une Triumph parée pour rivaliser sans complexes avec n'importe quel autre roadster.
Essai Triumph Street Triple : Elle va faire un malheur !

Un croisement de Daytona et de Speed Triple

La Street représente donc le croisement (heureux) entre deux motos de la marque, la Daytona 675 et la 1050 Speed Triple. A la première, elle emprunte le moteur et l'ensemble de la partie cycle, à la seconde son look et surtout ses deux optiques. Ainsi, on peut imaginer que tout est plus simple à réaliser... En réalité, c'est comme retaper une vieille baraque et l'adapter à son propre style de vie : cela n'a rien d'évident du tout et le risque de se retrouver face à des surprises n'est jamais à exclure ! Souvenons-nous de certaines motos auxquelles on a juste enlevé un carénage et mis un grand guidon en croyant que le public n'y " verrait que du feu "... " On avait pensé au roadster pratiquement moment où on a mis en chantier la Daytona ", nous dit Simon Warburton, le responsable du projet Street, " mais si nous avons fait des essais un mois seulement après avoir fini la sportive, il a fallu composer avec certains détails qui ont demandé pas mal de temps. Mécaniquement, le plus important aura été le travail sur le haut moteur et l'échappement, esthétiquement le travail de composition, surtout au niveau des passages des durites, câbles et autres fils ". Effectivement, les modifications au niveau du moteur se révèlent importantes (voir chapitre à retenir) et la qualité perçue semble avoir fait un bond en avant. Le moteur de la Street Triple par exemple n'apparaît pas comme une pièce rapportée, comme c'est souvent le cas dans la catégorie. Ainsi, par rapport à celui d'une Speed Triple, il comporte moins d'éléments secondaires visibles. Le pot catalytique par exemple, est bien caché sous le moteur et l'énorme radiateur ne casse pas trop la ligne. Quant au double silencieux à l'arrière, dans le même style que celui de la Speed Triple, il répond paraît-il à une requête de la filiale italienne. Ce n'est pas disgracieux, bien au contraire, mais on aurait préféré un simple trois en un plus discret, histoire de rendre cette moto encore plus fine et légère.
Essai Triumph Street Triple : Elle va faire un malheur !

Facile à prendre en mains

Si l'ergonomie se montre parfaite pour une personne de taille moyenne, elle conviendra aussi aux plus grands. Ceux-ci n'auront aucun mal à positionner correctement leurs jambes grâce au dessin du réservoir bien creusé. Par rapport à celui de la Speed Triple, le guidon est ici plus proche du conducteur et les platines repose-pieds ont été placées sur la nouvelle boucle arrière de cadre. Ils sont bien évidemment plus bas que ceux de la Daytona. Au niveau des commandes, pas grand chose à dire, à part un levier d'embrayage qui, contrairement au levier de frein, n'est pas réglable en écartement. Le tableau de bord est repris de la Speed, avec une information supplémentaire : l'affichage du rapport enclenché ! Seule manque la jauge à essence. La selle se situe à la même hauteur que celle de la Honda CB 600 Hornet (800 mm), mais reste bien plus basse que celle de la Kawasaki Z 750 (815 mm). Son étroitesse aide aussi à poser aisément pied à terre. Le seul gros reproche se situe au niveau du rembourrage. Trop peu garnie latéralement, la selle se révèle peu confortable à la longue. L'assise offerte au passager n'est pas trop étroite et les repose-pieds ne sont pas placés trop haut. Il manque toutefois une poignée de maintien, disponible seulement en option (sic). Avec sa taille de guêpe et un poids à vide annoncé à 167 kg, la prise en main de cette Street Triple se révèle évidemment un vrai jeu d'enfant. Elle rivalise même avec la Hornet sur ce point et sait se montrer bien plus facile que la Japonaise lors des premiers tours de roues. Le mérite en revient surtout à un embrayage extrêmement doux à actionner et à un guidon vraiment bien placé et parfaitement dimensionné. A basse vitesse et sur les premiers rapports, la transmission manque nettement de douceur, des petits à-coups sont perceptibles à la coupure et à la remise des gaz. Mais ce phénomène s'estompe à allure soutenue sur les derniers rapports. Autre point aurait du être amélioré par rapport à la Daytona, le rayon de braquage. Il se montre trop important en ville ou lors des demi-tours, et handicapera sans aucun doute les débutants. Enfin, coté moteur, on dispose en revanche d'une souplesse qui facilite grandement l'évolution dans le milieu urbain, tout en disposant d'une allonge généreuse dès les plus bas régimes. Déjà, sous le casque, on ne sait plus très bien s'il faut comparer le trois cylindres Triumph à un quatre cylindres japonais ou à un bicylindre italien...
Essai Triumph Street Triple : Elle va faire un malheur !

Plein à tous les étages !

Les routes montagneuses qui bordent les rives du lac de Garde en Italie, lieu de ce premier contact avec la Street Triple, se caractérisent par leur étroitesse, le bon état du revêtement et l'abondance de lacets. Et ça tombe bien car rares sont les motos capables de tenir tête à la Street Triple dans de telles conditions. En conduite tranquille, on profite surtout d'un couple abondant à tous les régimes qui pardonne bien des choses. On peut même, comme avec un twin de plus grosse cylindrée, rester sur un rapport supérieur et enrouler tout en profitant du paysage. Entre les virages, il suffit alors de tourner la poignée d'accélérateur pour déguster la linéarité et la force des montées en régime. Mais c'est en adoptant une conduite plus appuyée que l'on se fait vraiment plaisir. Bien qu'un peu trop ferme - mais la moto n'affichait que 900 km au compteur - la boîte de vitesses se révèle précise et bien étagée. En sortie de virage, la motricité est excellente et la poussée du moteur réellement efficace. Jouer de l'embrayage pour relancer à la sortie d'une épingle ne sert presque à rien (à part si on s'est trompé de rapport...) car le trois cylindres " c'est plein à tous les étages ", comme dit Daniel, notre confrère suisse ! Il y a bien deux phases dans cette montée en régime, qui se distinguent par une poussée supplémentaire vers 4 500 tr/min puis 6 000 tr/mn. Mais dans l'ensemble, on a bien affaire à une accélération régulière et pas fade du tout. Le bruit qui accompagne cette délivrance est des plus sympathiques, y compris avec les pots d'origine, soit un mélange de grave et d'aiguë qui ne ressemble à rien d'autre dans cette catégorie. Toutefois, pour avoir fait une montée de col avec le silencieux Arrows en forme de cornet proposé en option, je peux vous dire que c'est autre chose !
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Du caractère à revendre

Sur routes sinueuses, la Street Triple présenterait une maniabilité tout à fait comparable à celle de la Hornet si son rayon de braquage ne s'avérait pas aussi limité. Coté agilité cette fois dans les enchaînements rapides (deux ou trois virages qui se suivent par exemple), l'avant ne possède pas le même équilibre que celui d'une 600 moderne et a du mal à s'inscrire avec précision. Il faut juste pousser un peu plus le guidon placé à l'intérieur du virage pour faire rentrer la Street exactement là où on veut... et éviter ainsi le sous-virage ! Mais bon, ce n'est qu'un roadster, autrement dit il ne propose pas le même appui qu'une sportive sur l'avant ; et ne dispose pas non plus des suspensions perfectionnées de la Daytona. Comme sur bon nombre de roadsters de cette cylindrée, on a affaire ici à une fourche non réglable et à un amortisseur dont le seul paramètre où l'on puisse intervenir est la précharge du ressort. Les suspensions Kayaba qui équipent la Street Triple assument toutefois correctement leur rôle en matière de confort et de progressivité. La stabilité de la moto, y compris à haute vitesse et sur un revêtement " variable ", ne souffre d'aucun commentaire négatif. Il n'y a que dans les parties assez défoncées, avec petites bosses et cassures, que l'amortisseur arrière manque de progressivité. Pour sa part, la fourche est calibrée relativement souple et a un peu de mal à encaisser les freinages brusques. Sous la pluie, par ailleurs, il faudra mieux éviter d'en arriver au freinage d'urgence. Car de puissance, la Street Triple n'en manque pas non plus sur ce point, malgré des étriers avant avec double piston et des disques de " seulement " 308 mm. Heureusement, le frein arrière est lui plus facilement dosable.
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Une belle bouffée d'air frais

Indubitablement, cette Triumph apporte une belle bouffée d'air frais dans la très prisée catégorie des roadsters de moyenne cylindrée. Moteur fantastique, partie cycle à la hauteur et look unique sont ses principales qualités. Certes, on aurait peut-être aimé une Street Triple un peu moins Baby Speed au niveau des lignes et peut-être des coloris plus fun. On aurait aussi apprécié un peu plus de confort au niveau de la selle et un rayon de braquage plus cohérent avec la destination aussi citadine de la machine... Mais la Street représente déjà une belle réussite comme elle est. Par rapport à la concurrence, elle est de loin la plus fun à piloter et peut-être même celle qui affiche le plus de caractère. Ajoutez ensuite un prix abordable, une personnalisation possible et une facilité de prise en main idéale et vous comprendrez facilement que cette Triumph n'a pas fini de faire parler d'elle pendant des années. Nous en tout cas, on a beaucoup aimé !

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